Alain Leroux
Les mouvements poétiques à Taïwan des années 1950 à la fin des années 1970
La période qui va du début des années 1950 à la fin des années 1970 représente l'époque constitutive, militante, de la poésie moderne à Taïwan, qui s'écrit sous et contre l'ombre tutélaire de la poésie classique, qu'elle finit par remplacer dans l'attente du public. C'est la période où elle crée son langage et conquiert son espace, et au terme de laquelle elle prend sa place dans l'ensemble des activités culturelles contemporaines. À une époque où, pour reprendre l'expression de Yü Kwang-chung 餘光中, « les poètes ne pouvaient pas ne pas s'allier », les revues, et les mouvements dont elles sont l'émanation ou le lieu de ralliement, jouent un rôle essentiel dans la réflexion sur la nature et le rôle de la poésie contemporaine, comme dans l'élaboration de sa langue. Chacune de ces revues, outre les poèmes qu'elle publie, les auteurs qu'elle présente, les traductions d'uvres étrangères qu'elle fait connaître, exprime des choix théoriques fortement marqués qui ont contribué à créer cet objet qu'on appelle désormais à Taïwan le poème moderne (現代詩 xiandaishi).
Les mouvements poétiques à Taïwan des années 1950 à la fin des années 1970
The period between 1950 and the late 1970s saw the birth of modern poetry in Taiwan and its emergence from a rebellion that took place both within and against the overarching influence of classical poetry, which it finally replaced. During this period it created its own language and cultural space, and finally found its rightful place among the general cultural activities of the time. At a time when "poets could not avoid forming alliances", as Yü Kwang-chung (CHI#1) has observed , the journals and the movements for which they provided a voice and a rallying point, played an essential part in encouraging reflection on the nature and role of contemporary poetry, and in developing its language. In addition to the poems they published, the authors they introduced, and the translations of foreign works they made known, each of these journals expressed clearly defined theoretical choices, and made their own contribution to what came to be known in Taiwan as the modern poem (CHI#2, xiandaishi).
 
         
        