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21% de chômeurs à l’horizon 2000 ?

by  Feng Lanrui /

On ne dit plus en Chine “travailleurs en attente d’emploi”. Ce vieil euphémisme socialiste, depuis une dizaine d’années, n’a plus cours. Aujourd’hui on dit “chômeurs”. De l’aveu du gouvernement chinois, il risque d’y en avoir 153 millions à la fin du siècle si des mesures sérieuses ne sont pas prises. Le ministère chinois du travail a indiqué récemment que son objectif était de créer 41,5 millions d’emplois dans les cinq années à venir, ce qui constitue une révision à la hausse de son objectif initial, qui était de 38 millions.

Le ministre du travail, Li Boyong, estimait en mai dernier à 3,2% le taux de chômage “acceptable” pour maintenir la stabilité sociale et la croissance économique. L’an dernier encore, ce taux “acceptable” était estimé à 2,9%. Mais tous ces chiffres, déjà assez effrayants, ne concernent que le chômage dûment recensé dans les villes et ne prennent pas en compte la “force de travail surnuméraire des campagnes”, estimée par certains experts à 110 ou 120 millions. Dans les villes, le gouvernement chinois reconnaît un taux de chômage de 4,8% pour le dernier trimestre de 1995, chiffre qu’il se propose de ramener à 4% avant l’an 2000.

L’une des mesures que propose Li Boyong (cité dans une dépêche de l’Agence Chine nouvelle du début du mois de mai) pour enrayer le chômage urbain apparaît, au sens strict du terme, réactionnaire. Li propose en effet d’endiguer l’exode rural. Or cela ne peut se faire sans renforcer le contrôle administratif de la population rurale, autrement dit de renforcer le vieux système du hukou, qui fixait les paysans à leur village pour la vie, système qui s’est considérablement relâché, sans disparaître pour autant, à mesure que se développait la politique “de réformes et d’ouverture” déclenchée par Deng Xiaoping au début des années 80.

A ce titre, l’article de Mme Feng Lanrui apparaît comme innovateur, puisqu’il propose la création d’un marché de l’emploi, concurrentiel et national, ayant pour corollaire la fin du hukou et le démantèlement du système des statuts de l’emploi en Chine, liés aux différents types d’entreprise. Rappelons que Mme Feng, ancienne directrice de l’Institut du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Zedong de l’Académie des sciences sociales de Chine, aujourd’hui à la retraite, a été, au début des années 80, la première personne en Chine à utiliser le terme de chômage (shiye) au lieu de celui d’“attente d’emploi” (daiye).



Feng Lanrui, traduit du chinois par Jacques Seurre

En février 1991, j’avais publié dans la revue Guoji shehui kexue (numéro 127) un article intitulé “Etude comparative de deux vagues de chômage en Chine ces dix dernières années”. Cinq ans s’étaient à peine écoulés qu’une nouvelle vague de chômage faisait son apparition en Chine, plus grave encore que les précédentes. Le présent article traite de cette nouvelle vague de chômage et des politiques susceptibles d’y remédier.

1. Une nouvelle vague de chômage

La Chine doit affronter aujourd’hui une nouvelle vague de chômage, la troisième en vingt ans. La première était survenue en 1979, et le gros des effectifs de chômeurs était composé alors des “jeunes instruits” (NDT : déportés à la campagne par Mao Zedong, et rentrés en ville). Le nombre total de chômeurs dépassait les 17 millions, le taux de chômage était de 5,8%. La deuxième vague est survenue en 1989, où le nombre de chômeurs des villes et des bourgs avait atteint les 10,5 millions (1), 4,9 millions de personnes ayant retrouvé un emploi à la fin de l’année, et 5,8 millions d’entre elles demeurant sans emploi. Le taux de chômage était monté à 3,8%, contre 2,06% l’année précédente. Ce chiffre exclut les chômeurs partiels des villes ainsi que la force de travail surnuméraire des campagnes.

La vague de chômage qui nous arrive aujourd’hui commence en 1995. Les administrations relevant du ministère du travail ont estimé que le taux de chômage dans les villes et les bourgs pouvait être limité à 3%. Selon un rapport du Bureau national des statistiques, le taux de chômage enregistré dans les villes en 1995 était de 2,9% (2). Mais selon les estimations d’une équipe de recherche, le taux de chômage dans les villes et les bourgs se situe en réalité entre 3,8% et 4%. Et si l’on fait la somme du personnel en surnombre des entreprises et la force de travail surnuméraire des campagnes, on arrive à un taux de chômage encore plus élevé (voir tableau 1 ).

La situation du chômage va s’aggraver dans les cinq années à venir.

a) Pour la période du 9ème plan quinquennal (1996-2000) le ministère du travail prévoit une croissance de la main-d’oeuvre avoisinant les 54 millions, soit une augmentation annuelle de 10,8 millions. Or seuls seront disponibles, pour cette même période, 38 millions d’emplois, et à la fin du 9ème Plan on comptera encore 16 millions de chômeurs. Le taux de chômage dans les villes et les bourgs sera de 7,4% (3).

b) Dans les cinq années à venir, les travailleurs en surnombre des entreprises d’Etat, c’est-à-dire contraints au temps partiel et devant chercher un autre emploi, seront au nombre de 30 millions : 15 millions d’employés et d’ouvriers déjà mis à pied en 1995 (4), et 15 millions d’autres dont la mise à pied est prévue au cours du 9ème plan quinquennal (5). Certains secteurs industriels comme les mines ou l’exploitation forestière ont des ressources en voie d’épuisement, ce qui va entraîner des centaines de milliers de licenciements (6). Les rapports parus depuis deux ans font apparaître que les grandes mines nationales ont déjà mis à pied 350 000 personnes, et prévoient un million de mises à pied supplémentaires avant la fin du 9ème plan (7). Avec l’approfondissement des réformes, un certain nombre d’entreprises vont faire faillite ou fusionner avec d’autres, ce qui va encore accroître le nombre de personnes menacées par le chômage.

c) Le nouvel accroissement de la main d’oeuvre paysanne s’ajoutant à la force de travail surnuméraire des campagnes déjà existante nous donne un chiffre de 214 millions d’hommes. Le ministère du travail estime que dans les cinq ans à venir 77 millions d’entre eux seulement pourront être absorbés par l’agriculture ou reconvertis dans d’autres activités, ce qui laisse une force de travail surnuméraire de 137 millions de personnes.

Il résulte de tout cela qu’au terme du 9ème plan, la Chine connaîtra un taux de chômage à deux chiffres (8), alors que ce taux ne se montait, en 1995, qu’à 2,9%. Cela paraît effrayant, et pourtant, si l’on analyse les choses froidement, cela n’a rien d’étrange.

Primo, les gens nés durant le boom démographique des six dernières années avant 1980 vont continuer, durant le 9ème plan, d’arriver à l’âge de travailler (9). De 1980 à 1985, on compte quatre années où le taux de natalité a été supérieur à 20‰, ceux des années 1984 et 1980 étant respectivement de 19,9‰ et de 18,20‰. Cela nous donne, sur six années, un taux de natalité moyen de 20,42‰. Ce taux de croissance démographique est inférieur à celui des années 60, mais comme il porte sur un chiffre de base plus élevé, l’augmentation de la population est, en valeur absolue, plus importante. En 1984, la population de la Chine avait déjà dépassé le milliard d’hommes, et un taux de natalité annuel moyen de 20‰ signifie un accroissement démographique moyen de quelque vingt millions de personnes. Les personnes nées de 1980 à 1985 auront, à l’exception de celles qui seront décédées entre-temps (dans le cadre d’un taux de mortalité annuel moyen de 6‰), dépassé, dans la seconde moitié des années 90, l’âge de 16 ans, et rejoint ainsi le contingent des personnes en âge de travailler (10).

Secundo, les échelles de calcul diffèrent : 1) auparavant les indicateurs statistiques de l’emploi et du chômage ne concernaient que les villes et les bourgs, à l’exclusion des campagnes, alors que les prévisions citées plus haut prennent en compte la force de travail surnuméraire des campagnes; 2) auparavant le chômage caché dans les entreprises d’Etat n’était pas pris en compte dans les statistiques. Mais aujourd’hui, avec l’approfondissement des réformes, il faut des méthodes efficaces pour amener à la croissance économique, et la rentabilité de l’économie nationale doit être améliorée par le développement des sciences et des techniques, l’utilisation d’équipements perfectionnés, tout cela ayant pour conséquence non seulement l’élimination progressive du travail surnuméraire et la transformation du chômage caché en chômage patent dans les entreprises, mais aussi l’accroissement de l’effectif global des chômeurs. En outre, les faillites ou les fusions d’entreprises vont entraîner un chômage qui sera désormais comptabilisé dans les statistiques. On voit que cette brusque progression du taux de chômage — de moins de 3% à plus de 10% — pour être effrayante, n’a rien de surprenant : elle correspond à la réalité économique, et la situation de l’emploi pendant la période du 9ème plan sera critique.

2. Il faut repenser le problème du chômage

Il faut avant tout prendre conscience de l’ampleur du problème, en faire une priorité nationale, intégrer la lutte contre le chômage comme objectif prioritaire du 9ème Plan et du plan de développement économique et social jusqu’à l’an 2010. La Chine a commencé à reconnaître, dans les années 90, l’existence de ce problème, et l’on peut considérer que la création future d’une “assurance-chômage”, mentionnée pour la première fois dans un document officiel en 1993, représente à cet égard un progrès remarquable (11). Toutefois, l’importance du chômage est encore largement sous-estimée, car le phénomène est rarement évoqué dans les discours et documents officiels.

Il s’agit pourtant d’un problème crucial, ayant des répercussions directes sur la vie de plus d’un milliard de Chinois et sur la stabilité sociale du pays. Ces dernières années, l’idée d’une stabilité sociale condition du développement des réformes a été largement développée dans les discours des dirigeants et dans diverses publications. On y souligne, avec raison, l’importance du maintien de la stabilité sociale. Mais il faudrait qu’on prenne conscience de l’importance du chômage comme facteur déterminant de cette stabilité. Celle-ci ne peut exister que si les travailleurs ont eux-même une vie stable, un travail et des revenus assurés. Laissons provisoirement de côté le problème des nombreuses usines qui accumulent les retards dans le paiement des salaires ou qui n’arrivent pas à payer les retraites de leurs ouvriers, pour envisager celui-ci : peut-il y avoir une stabilité sociale alors que l’on dénombre, dans les villes et les campagnes, entre 150 et 160 millions de travailleurs sans emploi ? Face à ce problème-là il ne s’agit pas de se voiler la face. La maîtrise du chômage et le développement de l’emploi doivent être au premier rang de nos préoccupations.

Le chômage est une conséquence inéluctable du processus actuel de développement économique. Celui-ci entraîne une élévation de la productivité, un changement des structures de la production industrielle, un renouvellement de l’équipement technique, et même une amélioration technologique. Cette évolution s’accompagne de l’inévitable mise à l’écart d’une partie de la main d’oeuvre, qui doit aller à la recherche d’un autre emploi. Le changement d’emploi entraîne nécessairement du chômage, indépendamment du système social en vigueur, qu’il s’agisse du capitalisme ou du socialisme. Mais le phénomène peut être amplifié par une politique inefficace. La Chine est un pays en voie de développement. Le secteur secondaire de son économie n’a pratiquement pas changé, et, en outre, la politique démographique erronée suivie dans les années 50 a entraîné un déséquilibre durable entre la croissance de l’économie et celle de la force de travail. Durant les années 60, le taux de croissance démographique annuel moyen a atteint 25,12‰, le taux de natalité atteignant, en 1963, le chiffre record de 43,37‰ (12). Ces poussées démographiques ont entraîné des vagues de chômage qu’il était absolument impossible d’endiguer.

Nous devons prendre davantage conscience de la gravité du problème du chômage, l’intégrer dans une politique nationale, en faire l’un des piliers de la politique de développement économique et social des 15 années à venir, de façon à ce que le chômage soit contenu dans des limites tolérables pour la société chinoise.

Il nous faut aussi résoudre le problème du transfert de la main-d’oeuvre agricole surnuméraire avec celui de la formation de nouvelles agglomérations urbaines. Trop longtemps on s’est préoccupé uniquement de l’emploi dans les villes, en prétendant ignorer le chômage en zone rurale. On est même allé jusqu’à se servir des campagnes comme d’une écluse régulatrice de la main-d’oeuvre urbaine : lorsqu’il y avait pénurie de main-d’oeuvre dans les villes, on allait en recruter dans les campagnes, et lorsqu’il y avait trop de main-d’oeuvre par rapport aux emplois disponibles, on envoyait les gens travailler dans les campagnes. Pendant les dix années de trouble (1966-1976), quinze millions de “jeunes instruits” (zhiqing) ont ainsi été envoyés à la campagne. Résultat : non seulement les tensions liées à l’emploi ont persisté dans les villes, mais on a assisté, en 1979, à une première explosion du chômage.

Quant au chômage dans les campagnes, malgré les mises en garde de certains experts, personne ne daignait alors y prêter attention (13). Cela fait plus de dix ans pourtant qu’il est devenu patent, et il se fait de plus en plus préoccupant. On assiste à un transfert spontané de la main-d’oeuvre rurale surnuméraire dans d’autres secteurs, à une échelle qui grandit d’année en année. Au point que “le déferlement des travailleurs migrants” (mingong chao) à l’époque du Nouvel An, avec toutes ses implications sociales, préoccupe tout le monde. En septembre 1995, le Comité central, dans ses prévisions pour le 9ème Plan et pour l’horizon 2010, a défini une politique concernant l’emploi dans les grandes villes et le déplacement de la main d’oeuvre rurale surnuméraire, et affirmé que ces problèmes devaient être résolus de façon appropriée.

Les transferts de main d’oeuvre rurale surnuméraire doivent, pour se passer sans heurts, s’opérer dans le cadre d’une urbanisation des campagnes. L’agriculture doit se mécaniser et se moderniser, passer d’une exploitation extensive à une exploitation intensive, et il faut pour cela laisser à la main-d’oeuvre rurale surnuméraire toute liberté de se déplacer.

En ce qui concerne le transfert de la main-d’oeuvre rurale surnuméraire et l’urbanisation des campagnes, les avis diffèrent.

Les uns préconisent un type d’urbanisation des campagnes consistant à “quitter la terre mais pas la campagne” et à développer les petites villes et les bourgs. Mais cette option a ses limites. Ces dernières années ont montré que des petites villes et des bourgs trop dispersés et manquant de moyens financiers étaient impuissants à résoudre le problème de l’emploi de centaines de millions de paysans, que d’ailleurs ils échouent à attirer. Les migrations massives de population rurale vers les villes auxquelles on assiste aujourd’hui en sont une preuve manifeste.

D’autres sont partisans de faire des paysans les acteurs de l’urbanisation, par exemple en faisant passer la population de villes de 100 000 habitants à 500 000, ou celle de villes de 500 000 habitants à un million et plus : c’est l’urbanisation à la chinoise. Elle a l’avantage, en poussant les paysans à quitter leurs villages, de faire se concentrer des investissements jusque là éparpillés dans la construction de logements ou dans les industries rurales, de transformer des investissements de consommation en investissements de production, et surtout de faire des économies d’investissements en équipement urbain (chaussées, distribution de l’eau, électricité, conduites de gaz, etc.) et en terrains. Elle permet aussi de résoudre collectivement le problème des déchets, de protéger l’environnement, de développer l’éducation, la culture, les sports, d’élever ainsi le niveau culturel et sanitaire des paysans. Les avantages sociaux et économiques ainsi obtenus seraient bien supérieurs à ceux que donnerait le développement de petites villes et de bourgs. On arriverait à résoudre le problème de la migration de centaines de milliers de paysans, à éviter leur exode massif vers les grandes villes comme Shanghai et Pékin, et, en même temps, on stimulerait le développement de la force de travail et on élèverait le niveau général du peuple (14).

En ce qui concerne cette seconde forme d’urbanisation, il est crucial d’encourager les paysans à se reconvertir, à entrer dans le monde de la ville et de l’usine, à abandonner définitivement leur petite parcelle de terre, à briser l’univers limité des petites bourgades. En fait, ce ne serait pas la première fois que les paysans chinois se mettraient à financer la construction d’une usine et à édifier une petite ville. Au cours de ces dix dernières années, les transferts de population rurale surnuméraire ont permis la création d’un certain nombre de petites villes nouvelles. La ville de Longgang, dans la province du Zhejiang, a été édifiée grâce à l’argent des paysans. L’urbanisation à la chinoise pourrait consister ainsi à fonder de nouvelles villes après en avoir choisi les sites en fonction de leurs conditions exceptionnelles — dans le domaine des transports, de l’emplacement géographique, etc.

Enfin il faut, pour lutter contre le chômage, adopter des mesures adaptées à la réalité. C’est dans cette perspective qu’en 1980 la conférence nationale sur l’emploi organisée par le Comité central décida la politique de “triple union” (15) mettant fin au système d’affectation autoritaire des emplois. Cette directive a eu, depuis son application, des résultats extrêmement positifs, elle a rempli sa tâche historique. L’approfondissement des réformes, l’objectif fixé par le XIVème Congrès d’établir une économie de marché socialiste et enfin l’arrivée d’une nouvelle vague de chômage ont fait que la politique de “triple union”, décrétée dans le cadre d’un système d’économie planifiée, est devenue obsolète. Elle doit être remplacée par une autre, qui peut se définir ainsi : une politique d’emploi de marché concurrentiel, sous contrôle macroéconomique.

Cette nouvelle politique se justifie par la nécessité de parachever le système d’économie de marché socialiste, ce qui concerne non seulement les investissements et les biens, mais aussi la force de travail, en ce qu’elle est un facteur essentiel de la production. La force de travail doit donc cesser d’être soumise à des règles administratives pour l’être à celles du marché et de la concurrence. Un marché concurrentiel du travail accroîtra la rentabilité de la main-d’oeuvre, élèvera sa qualification, contribuera à améliorer la structure de l’emploi, à régulariser l’appareil de production et donc, en définitive, à rendre l’ensemble de l’économie nationale plus performante. Cependant le marché du travail nécessite encore un contrôle macroéconomique. J’ai déjà publié, en décembre 1992, dans le Jingji cankao bao (Journal de références économiques) un article intitulé : “La politique de l’emploi doit s’adapter à la nouvelle situation”, qui présente une argumentation assez détaillée en faveur d’une politique de marché concurrentiel de l’emploi (16). Malheureusement “les paroles des humbles ont peu de poids”, et l’on n’y a guère prêté attention. Espérons que le présent article attirera davantage l’attention des autorités compétentes.

3. Comment créer des emplois

a) La clef de la création d’emplois : une économie à croissance rapide et stable

La création d’emplois est directement proportionnelle à la croissance économique. Une forte croissance économique entraîne une forte reproduction élargie, qui crée elle-même des emplois en proportion. Si, au cours des cinq dernières années, neuf millions d’emplois ont été créés par an en Chine, ce qui a permis de maintenir le taux de chômage enregistré dans les villes en-dessous de 3%, c’est grâce à une croissance économique continue. Mais quel est le rapport exact entre croissance et création d’emplois ? Selon une étude réalisée par un professeur de l’Université de Pékin, pour obtenir un taux de création d’emplois de 1% de 1978 à 1994, il fallait, en tenant compte des contraintes de l’économie chinoise pendant cette période, un taux de croissance économique de 3,5%. Mais avec les progrès technologiques et les gains de productivité de ces dernières années, le hiatus entre création d’emplois et croissance du PIB s’est accentué, le ratio étant actuellement de 1% de croissance de l’emploi pour 5,8% de croissance économique. Pour la période du 9ème plan, on prévoit une croissance annuelle moyenne de la force de travail de 1,1%, ce qui implique, si l’on veut résoudre le problème de l’accroissement de la main-d’oeuvre dans les seules zones urbaines, que l’on maintienne une croissance du PIB au delà des 6% (17). Et si l’on prend en considération le problème de la résorption de l’excédent de main-d’oeuvre dans sa totalité, c’est-à-dire aussi bien dans les campagnes que dans les villes, alors on arrive à un taux de croissance du PIB à deux chiffres.

Or quel est le taux de croissance du PIB envisagé pour la période du 9ème plan ? La 4ème session de la VIIIème Assemblée nationale populaire vient de nous donner une prévision de l’année 1996 : 8%. C’est évidemment insuffisant pour résoudre les problèmes de l’emploi, et les économistes qui ont estimé que 8% de croissance constituaient un objectif approprié se sont préoccupés uniquement de la maîtrise de l’inflation, sans prendre en considération le problème de l’emploi (18). Dans ces conditions, avec un taux de croissance du PIB de 8%, les seules solutions qui restent pour créer des emplois, ce sont des restructurations et des améliorations dans le marché du travail.

b) Restructuration de l’industrie, développement des industries à haute intensité de main-d’oeuvre

Les restructurations industrielles constituent, en ce qui concerne l’emploi, une arme à double tranchant. D’un côté le processus de restructuration lui-même (par exemple la réduction de la part du secteur primaire dans l’économie et l’augmentation de celles des secteurs secondaire et tertiaire) peut engendrer du chômage. D’un autre côté les restructurations, parce qu’elles rationalisent l’économie et en accroissent le rendement, qu’elles augmentent l’accumulation du capital et contribuent au développement des équipements, peuvent aussi créer des emplois. Aujourd’hui, la Chine a adopté une politique conjoncturelle de resserrement monétaire, elle ne peut donc plus trop compter sur un accroissement des investissements en équipements pour créer des emplois; il est donc crucial pour elle de développer, grâce à des restructurations, des industries qui absorbent peu d’investissements et beaucoup de main-d’oeuvre.

Ce qui a été réalisé dans les années 80 a apporté la preuve que le secteur tertiaire répondait à cette définition, car il nécessite peu d’investissements, permet de rentrer rapidement dans ses fonds et absorbe beaucoup de main d’oeuvre. A investissements égaux, le secteur tertiaire permet en effet de créer trois ou quatre fois plus d’emplois que le secteur secondaire. En 1981, un million de yuans investi dans le secteur secondaire ne correspondait qu’à 94 emplois dans l’industrie lourde, et 257 emplois dans l’industrie légère. Le même million investi dans le secteur tertiaire permettait de créer de 800 à 1 000 emplois (19). En 1994, il a été investi dans le secteur tertiaire 494,13 milliards de yuans, à quoi a correspondu une création nette de 4,44 millions d’emplois. A investissements égaux, c’est 3,1 fois plus d’emplois créés que dans le secteur secondaire (20).

Aujourd’hui, la part des emplois occupés dans le secteur tertiaire reste faible en Chine (voir le tableau 2), mais leur potentiel de développement est grand. La restructuration industrielle et le développement du secteur tertiaire constitueront, pour les quinze années à venir, les priorités stratégiques de la bataille pour la création d’emplois et la lutte contre le chômage.

Le développement du secteur tertiaire doit s’accompagner d’un développement approprié du secteur secondaire, et particulièrement des industries de transformation des sous-produits agricoles, qui tout à la fois répondent aux besoins du peuple et absorbent beaucoup de main d’oeuvre. Cette industrie-là est, avec le secteur tertiaire, une industrie à haute intensité de main-d’oeuvre. Mais insister sur le développement des industries à haute intensité de main-d’oeuvre, n’est-ce pas en contradiction avec la transformation des méthodes de croissance économique ? Nullement. Le passage de méthodes extensives de croissance à des méthodes intensives doit être envisagé dans une vision d’ensemble de l’économie nationale. Il faut que nous cessions d’envisager la croissance économique (c’est-à-dire la croissance du PIB) comme s’appuyant uniquement sur un accroissement de capitaux, de ressources naturelles et de force de travail, pour nous orienter vers une croissance soutenue par un rendement accru par le développement technologique, et il faut se garder de traiter toutes les entreprises de façon indistincte. Les entreprises d’Etat ont un rendement faible, un lourd passif ; il faut les rénover techniquement, les rééquiper, améliorer leur système de gestion, réduire le coût de leur production, élever leur rendement. Ce sont surtout les entreprises d’Etat grandes et moyennes qui sont visées. Mais un certain nombre de petites entreprises d’Etat, appartenant au secteur tertiaire, qui fonctionnent avec un capital restreint et dont les exigences en matière de qualité de la main-d’oeuvre ont une grande élasticité répondent exactement aux besoins de la situation chinoise actuelle, où les capitaux sont restreints et la main-d’oeuvre abondante. Ce sont ces entreprises-là qu’il faut développer si l’on veut lutter contre le chômage et créer des emplois.

c) Restructurer le système de propriété, encourager le développement de l’économie privée

Le lancement des réformes a altéré profondément la structure du système de propriété des moyens de production en Chine : d’un système de propriété publique exclusive, on est passé à un système de propriété multiple à prédominance publique ; et la structure de l’emploi a suivi cette tendance à la diversification. Pourtant, jusqu’en 1990, les unités de travail étatiques absorbaient encore 60,5% des nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi. Il faudra attendre l’année 1991, marquée par une dégringolade généralisée des entreprises d’Etat (baisse accrue de leur rendement, alourdissement de leur passif, réduction de leur capacité à absorber de la main-d’oeuvre) pour que ce chiffre passe en dessous de la barre des 50%. En 1994, il avait encore baissé de 6 points, passant à 41%. Cette même année, les unités de travail non-étatiques absorbaient donc 59% de la main d’oeuvre chinoise : entreprises collectives, entreprises rurales, entreprises aux trois formes de capital (san zi qiye : entreprises à capitaux étrangers, mixtes et privés), entreprises privées, artisans à leur compte, etc. (voir tableau 3).

Avec les changements du mode de croissance prévus dans le 9ème Plan, la capacité d’absorption d’emplois des entreprises d’Etat va encore s’affaiblir, et il faudra, pour accueillir les 10,8 millions de personnes arrivant chaque année sur le marché de l’emploi dans les seules zones urbaines, compter principalement sur la création d’emplois de la part des entreprises non-étatiques. Sur ce point, tout le monde est d’accord, aussi bien les théoriciens de l’économie que les exécutants. Le ministère du travail a pour sa part souligné : peu importent les systèmes de propriété, nous les développerons, les soutiendrons et les encouragerons sous toutes les formes pourvu qu’ils soient créateurs d’emplois (21). Rien de plus juste.

La répartition des emplois dans les différents types de systèmes de propriété et la restructuration de la production sont en interaction réciproque. A quelques exceptions près, les entreprises non-étatiques ont des besoins limités en capitaux et sont d’une gestion peu coûteuse. Et c’est encore plus vrai des entreprises du secteur tertiaire.

Au cours du 9ème Plan, l’économie non-étatique et le secteur tertiaire deviendront les principales forces créatrices d’emplois. Il s’agit là d’un changement historique, bénéfique pour l’emploi, pour la création d’un marché du travail, et par conséquent pour l’édification d’un système d’économie de marché socialiste.

4. Etablir un système d’assurance-chômage, créer un marché du travail

a) Mettre sur pied un système d’assurance-chômage couvrant l’ensemble des travailleurs chinois

On a vu que le chômage était en quelque sorte un phénomène normal, une conséquence inéluctable du développement économique et social moderne. Une politique de l’emploi ne vise donc pas à réduire le chômage à zéro, mais à le contenir, autant qu’il est possible, dans des limites socialement tolérables. C’est pourquoi il faut mettre en place prioritairement un système d’alerte à la fois sensible et précis. Il revient aux administrations concernées de définir, à partir d’enquêtes approfondies, quelle est pour la Chine la cote d’alerte en matière de chômage, et créer en conséquence un système d’assurance-chômage solide. Une telle mesure revêtirait une importance significative au moment où nous sommes heurtés de plein fouet par une troisième vague de chômage. Bien que la Chine ait commencé à mettre en place, en 1986, un système d’assurance-chômage, et qu’il y eût déjà, à la fin de 1995, quelque 500 000 unités de travail (soit environ 50 millions de salariés) couvertes par une assurance de ce type, ce système n’offre qu’une couverture limitée et ne concerne généralement pas les entreprises du secteur non-étatique. Il s’agit de toute façon d’un système vulnérable, qui offre une protection insuffisante et qui n’est pas fait pour supporter un chômage massif. L’approfondissement des réformes du système économique, les changements en matière de gestion impliquent que le chômage déguisé devienne un chômage patent, que les entreprises cessent d’absorber une main-d’oeuvre en surnombre appelée désormais à chercher du travail ailleurs. Dans ces conditions, il est impératif d’étendre la couverture de l’assurance-chômage et d’en gérer au mieux les fonds, d’organiser des services de recherche d’emploi, de créer un marché du travail.

b) Créer un marché national du travail

Par marché national du travail, nous entendons un marché qui comprend aussi bien les travailleurs des villes que ceux des campagnes, et cela sans aucun cloisonnement régional ou professionnel.

Depuis qu’en novembre 1993, le Comité central, dans ses “Décisions concernant un certain nombre de problèmes survenant dans l’édification d’une économie de marché socialiste”, a préconisé la création progressive de marchés du travail, on les a vus effectivement proliférer, ce qui ne veut pas dire que leur conception ait été très claire. Un marché du travail est un lieu où le travail s’échange, mais c’est surtout, du fait de la spécificité de cette marchandise qu’est le travail, un rapport économique, une sorte de mécanisme. Le travail n’est pas une marchandise ordinaire, qu’on peut transporter pour la vendre à l’étalage, très loin de son lieu d’origine, et pourtant sa valeur est transrégionale, transprovinciale, et même transnationale. Ce qu’on appelle communément “exportation de prestations de services” n’est rien d’autre qu’une forme d’internationalisation du marché du travail, d’exportation organisée du travail.

Il faut faire la distinction entre marché informel du travail et marché formel, marché régional et national ; et aussi entre marché intermittent et permanent — le premier pouvant être à date fixe ou non; le second comprenant les bureaux de présentation d’emplois et autres centres d’échanges. Il y a des marchés du travail où le mécanisme du marché a commencé à faire son effet, d’autres qui, encore sous l’influence d’une économie planifiée, attribuent les emplois de façon administrative.

Un marché du travail unifié à l’échelle nationale et adapté à l’économie de marché socialiste est de type informel, il comprend tous les marchés régionaux, ce qui ne veut pas dire qu’il soit le simple produit de leur addition ; il est la somme des transactions marchandes sur le travail dans l’ensemble du pays, et le mécanisme du marché y joue un rôle décisif.

Un marché national du travail, c’est d’abord un immense réseau d’informations, qui fait la liaison avec les marchés régionaux, qui transmet les offres et les demandes de travail partout où cela est nécessaire, contribuant ainsi à rationaliser la mobilité du travail, à promouvoir l’emploi. La création d’un tel marché est essentielle pour exploiter pleinement d’abondantes réserves de main-d’oeuvre, élever la productivité, développer les forces productives. Mais pour y parvenir, il faudra d’abord accomplir les quelques tâches préliminaires suivantes.

1) Eliminer progressivement tous les obstacles à la mobilité de la main-d’oeuvre. Par exemple :

La séparation villes/campagnes. Depuis les réformes, le système d’état-civil, qui constitue une véritable muraille séparant la ville de la campagne, s’est relâché. On a vu apparaître un peu partout des “cartes bleues”, des “livrets verts”, des attestations de résidence provisoires, ainsi que tout un commerce des livrets de résidence, qui a permis aux paysans venus travailler à la ville d’y résider légalement. Il faut unifier toutes ces pratiques au niveau national. Certains camarades préconisent la création progressive d’un hukou (NDT : droit de résidence) national, sans discrimination ville/campagne, ou bien le remplacement pur et simple du hukou par une carte d’identité. Toutes ces solutions sont à envisager.

Le protectionnisme régional. Ces dernières années, l’afflux d’une population flottante dans les grandes et moyennes villes a constitué pour ces dernières un lourd handicap, que ce soit dans le domaine des communications, de l’énergie, du logement, de l’administration, de l’ordre public ou du contrôle des naissances. A Pékin, à Shanghai ainsi que dans d’autres grandes villes, on a décidé de renforcer le contrôle des activités de cette population flottante; dans un certain nombre de villes situées sur les rives du Yang-Tsé, on lui applique une rude politique, qui va de l’interdiction de séjour à l’expulsion manu militari. Mais ces politiques sont autant de médecines symptomatiques, qui ne s’attaquent pas aux racines du mal. Le seul remède efficace, le seul qui puisse résoudre le problème des migrations paysannes vers les villes, c’est la création d’un marché national du travail, dans le cadre d’une politique d’urbanisation planifiée.

Les entraves systémiques. Les disparités entre les différents systèmes de gestion du personnel, du travail et des diverses assurances constituent autant d’entraves systémiques à la création d’un marché du travail. La prolifération de systèmes d’assurance-vieillesse différents peut, en particulier, avoir un effet dissolvant sur la création d’un marché national du travail, en entravant la mobilité des travailleurs. Si l’on n’y remédie pas, il sera impossible d’instaurer un tel marché.

Le cloisonnement des statuts. Il s’agit d’abord de la démarcation entre citadins et paysans. Mais chez les citadins, il faut distinguer entre cadres et ouvriers; et chez les ouvriers, entre ouvriers statutaires, ouvriers sous contrat, ouvriers temporaires, ouvriers d’entreprises collectives, ouvriers-paysans... A l’origine, ces différences étaient liées au lieu de résidence et à la hiérarchie du travail. Avec le temps, elles se sont figées en catégories. Certaines entreprises d’Etat sont tellement déficitaires qu’elles ne peuvent allouer à leurs salariés qu’une indemnité de subsistance. Pourtant ceux-ci préfèrent rester dans l’entreprise. En tant qu’“employés par l’Etat”, ils se considèrent comme appartenant à une espèce supérieure à celle des autres salariés. Le même phénomène se produit chez les citadins, qui se considèrent à leur tour comme une espèce supérieure aux paysans, et préfèrent donc “attendre un poste” chez eux plutôt que d’aller, par exemple, se faire embaucher par une entreprise collective. Cette conscience de caste est entretenue par des avantages matériels. Les “travailleurs d’Etat” bénéficient de plusieurs sortes d’assurances, d’allocations et d’autres avantages sociaux. Or pour créer un marché du travail, il faut détruire le cloisonnement des statuts, diluer la conscience de caste, et, à cet effet, commencer par résoudre un certain nombre de problèmes concrets. Les journaux ont rapporté que les ouvriers d’une usine de textile du Shandong avaient choisi de la quitter pour aller travailler dans une entreprise rurale; mais cet événement aurait été impensable si les autorités locales n’avaient pas organisé pour eux un système d’assurance couvrant la retraite, le chômage, la maladie et les accidents du travail.

2) Mettre progressivement en place un réseau d’informations sur l’offre et la demande de travail, couvrant l’ensemble de la Chine.

Etablir un réseau informatique reliant les agences pour l’emploi dans l’ensemble du pays, qu’il s’agisse des villes ou des campagnes, des plaines et des monts, des régions côtières ou intérieures Les agences en question devront tenir une comptabilité exacte et détaillée des demandes et des offres d’emplois, et les introduire dans le réseau informatique.

En même temps il faudra maîtriser un certain nombre d’instruments de communication pour arriver à transmettre les informations ainsi informatisées, à bon escient et en temps opportun, aux demandeurs d’emploi et aux unités de travail ayant besoin de main-d’oeuvre. Les petites annonces des journaux ne suffisent pas, il faudra créer une ou plusieurs publications spécialisées dans le marché du travail, à très grande diffusion. Les bureaux de présentation d’emplois pourront, eux aussi, imprimer des journaux de petites annonces, quotidiennement s’il le faut. Les informations ainsi fournies seront concises et rapides.

3) Renforcer l’orientation et la formation professionnelles.

Beaucoup de travail a été fait dans ces domaines ces dernières années. Il faudra le poursuivre en insistant sur l’adaptation au nouveau mode de croissance économique et à la poussée de chômage qu’elle entraîne. Il faudra, pour répondre aux besoins du marché du travail, améliorer et diversifier la formation professionnelle. Il faudra aussi encourager toute initiative renforçant la formation professionnelle, qu’il s’agisse de la formation permanente ou de cours de recyclage. A cet égard, les écoles de recyclage pour jeunes qui ont été créées récemment par la Ligue de la jeunesse communiste de Shanghai et de Nankin constituent une excellente initiative, qui mérite d’être encouragée.

4) Renforcer le contrôle et la gestion du marché du travail.

Il faut favoriser la création d’agences pour l’emploi, en les rentabilisant au maximum. Il faut également les standardiser, qu’il s’agisse d’agences gouvernementales ou d’agences gérées de façon privée. De quoi traite un marché du travail ? Des hommes, rien que des hommes. Le travail dans ce domaine doit donc respecter l’homme, le comprendre, croire en lui. L’idée qui le sous-tend est qu’il faut “servir le peuple”. Quant à ceux qui se servent des chômeurs pour leur extorquer de l’argent, qui pervertissent le travail de présentation d’emploi pour se livrer à du trafic de main-d’oeuvre, à de la traite de femmes et autres malversations, il faut être à leur égard d’une très grande vigilance et les châtier durement.

5) Renforcer le système légal.

Il faut que l’Etat édicte au plus vite des réglementations concernant le marché du travail, afin que les demandeurs et les pourvoyeurs d’emploi, ainsi que ceux qui agissent comme intermédiaires entre les deux, puissent agir dans un cadre juridique rigoureux. Il faut donc créer, dans chaque province ou municipalité, un tribunal du travail chargé de régler les litiges survenant dans le marché du travail.