BOOK REVIEWS
Le nouveau gouvernement de Lee Teng-hui
Après moult spéculations aussi éreintantes que vaines, le 5 juin 1996, au cours de la réunion hebdomadaire du Comité exécutif permanent du Kuomintang, le président Lee Teng-hui décida de reconduire le premier ministre et désormais vice-président de la République de Chine, Lien Chan, dans ses fonctions à la tête du gouvernement. Trois jours plus tard, à lissue dune nouvelle bouffée médiatique déchafaudages politiques qui allaient être par la suite souvent infirmés par la réalité, la liste des membres du nouveau gouvernement était arrêtée et rendue publique. Mais le large renouvellement des personnes auquel donna lieu ce remaniement ministériel fut rapidement supplanté par la polémique constitutionnelle déclenchée par les partis dopposition sur le bien-fondé du maintien de Lien Chan à la tête du cabinet, notamment sans un nouvel assentiment du Yuan législatif.
Un remaniement en profondeur
Tout dabord, ce remaniement ministériel na pas donné lieu à une ouverture politique où à des promotions spectaculaires. En effet, si nombre de nouvelles têtes apparaissaient (21 membres du cabinet sur 39, Lien Chan inclus), aucun représentant du Parti démocrate progressiste (PDP) et a fortiori du Nouveau parti (NP) na fait son entrée au gouvernement. Coupant court aux espoirs nourris par certains à la suite de la nomination le 22 mai de quatre responsables du PDP (dont Huang Hsin-chieh et Mme Lu Hsiu-lien) aux fonctions largement honorifiques de conseiller du président, le Yuan exécutif reste unicolore : non seulement tous ses membres appartiennent au KMT mais un nombre non négligeable des nouveaux venus (6 sur 21) est directement issu de lappareil du Parti nationaliste : Tu Teh-chi, ancien directeur de la Commission à lorganisation du KMT, Chu Chi-ying, précédemment secrétaire général-adjoint du KMT, Wu Wan-lan, ancien responsable du bureau provincial du KMT, Mme Lin Cheng-chi, auparavant présidente de la Commission des femmes du KMT, Hua Chia-chih, ancien responsable du bureau du KMT du district de Pingtung et Huang Ta-chou, membre du Comité exécutif permanent du Parti et malchanceux (et incompétent) ex-maire de Taipei auquel son camarade duniversité Lee Teng-hui a voulu manifester son indéfectible gratitude en le nommant à la présidence dune commission qui a depuis longtemps perdu lélan réformiste et linfluence quelle avait démontrés à la fin de lère Chiang Ching-kuo (cf. tableau).
Il faut évidemment ajouter à cette tendance au repli sur soi du KMT un certain nombre de limogeages de membres du Cabinet, dont le plus commenté fut le départ de Ma Ying-jeou de la direction du ministère de la justice. Son expulsion vers le haut au poste de ministre sans portefeuille ne trompe personne : ses campagnes contre les achats de voix et la corruption lui avaient attiré trop dinimitiés au sein du KMT. Lee Teng-hui sest donc trouvé placé devant linsoluble alternative suivante : ou bien conserver ce ministre populaire et affronter lindiscipline croissante des responsables locaux et des députés du Parti ; ou bien le sacrifier afin de tenter de remobiliser le KMT et surtout la courte majorité dont celui-ci dispose au sein du Yuan législatif (83 députés sur 164, en raison de deux défections récentes). Certes, Ma Ying-jeou na pas quitté le gouvernement et y reste responsable, en tant que ministre dEtat, dun certain nombre de dossiers dont la sécurité intérieure, le combat contre la corruption et la lutte anti-drogue. Mais son successeur, Liao Cheng-hao, est justement celui que Lee Teng-hui, afin de modérer les ardeurs de son dévoué serviteur, avait placé dès février 1995 à la tête du bureau des enquêtes du ministère de la justice. En dépit des professions de foi publiées, la lutte contre la corruption risque bien de marquer le pas.
Le remplacement de Lin Chen-kuo qui devient également ministre dEtat à la tête du ministère des finances peut être attribué à des causes similaires : son projet daugmentation des impôts afin de pouvoir payer les charges supplémentaires de la sécurité sociale a nourri les critiques à son égard et, de même que son prédécesseur en 1992 lun des responsables actuels du Nouveau parti, Wang Chien-shien, alors embourbé dans une réforme de la taxe foncière a incité le président à changer dhomme... afin probablement de mieux mettre en oeuvre la même politique.
La troisième mutation qui semble avoir également eu pour objectif déviter tout délitement du groupe KMT au Yuan législatif est celle de Liu Chao-shiuan, ministre des transports et des communications, transféré à la présidence de la Commission nationale des Sciences : plus que son appui affiché à linstauration de liaisons maritimes et aériennes directes avec la Chine populaire ou sa volonté personnelle den revenir à des tâches plus universitaires, cest sa dénonciation des trafics dinfluences politiques, notamment provenant de députés, en matière de contrats publics de transports, qui explique probablement son départ.
Le dernier changement important de portefeuille est le transfert de Chiang Ping-kun du ministère de léconomie à la Commission à lédification économique, où il succède à Hsu Li-teh, qui reste cependant vice-premier ministre. Bien que les responsabilités quotidiennes de cette nouvelle position soient plus légères, celle-ci permettra à P.K. Chiang dassister aux réunions annuelles de lAPEC et partant, suivant ainsi la voie tracée par Vincent Siew, de rehausser sa stature politique.
Qui sont les nouveaux venus ?
Outre les apparatchiks du KMT, le principal groupe est constitué de responsables de longue date du Yuan exécutif, en général de rang vice-ministériel (11 sur 21) et souvent promus au sein de la même administration (cinq), tels les ministres de la justice, des transports et des communications, Tsai Chao-yang, ou même, des finances, Paul Chiu, ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale. Cette évolution participe de la professionnalisation du gouvernement central taiwanais. Quoiquelle ait chagriné le gouverneur Song Chu-yu, apparemment guère consulté sur ces débauchages intempestifs, la promotion de deux responsables expérimentés de ladministration provinciale Lin Feng-cheng, le nouveau ministre de lIntérieur, et Chiu Mao-ying, promu président de la Commission à lagriculture va également dans ce sens. En outre, deux universitaires font leur entrée dans le cabinet : Tsai Cheng-wen, professeur (francophone) de science politique et longtemps conseiller occulte de Lee Teng-hui, devient ministre dEtat, tandis que Wu Jin, lancien doyen de lUniversité Chengkung (Tainan) succède au francophone Guo Wei-fan à la tête du ministère de léducation.
Profond, ce remaniement gouvernemental a néanmoins des allures de nouvelle partie de chaises musicales. En effet, six importants responsables du nouveau cabinet ont simplement changé de fonctions : outre Ma Ying-jeou, Lin Chen-kuo, Chiang Ping-kun et Liu Chao-shiuan déjà cités, John Chang, le nouveau ministre des affaires étrangères, et Wang Chih-kang, promu ministre de lEconomie, détenaient déjà des postes moins prestigieux de lancien gouvernement (cf. tableau). Il nen demeure pas moins que la nomination du fils illégitime de Chiang Ching-kuo à la tête de la diplomatie taiwanaise constitue un symbole que nul pas même la Chine populaire ne saurait négliger. En effet, frère aîné de Chang Hsiao-tse, le malheureux doyen de lUniversité Soochow atteint dune hémorragie cérébrale lors dun voyage à Pékin en novembre 1994 et décédé en avril 1996, Chang Hsiao-yen appartient à une famille aujourdhui particulièrement courtisée par les autorités continentales. Cependant, les prises de position de ce dernier après son entrée en fonction risquent de décevoir Pékin tout en redonnant un peu de dynamisme à une machine diplomatique qui, notamment en raison des déceptions personnelles rencontrées par son prédécesseur, Fredrick Chien, sétait notablement essoufflée ces dernières années (1). Par cette nomination, Lee Teng-hui na-t-il pas justement voulu montrer à Pékin que les continentaux les plus illustres de la République de Chine savaient défendre avec la même ardeur que les Taiwanais de souche les intérêts et limage de Formose sur la scène internationale ?
Quant à la nomination de Wang Chih-kang, elle semble avoir été principalement motivée par les compétences techniques de cet ancien professeur déconomie à lUniversité nationale de Taiwan.
Il nen demeure pas moins que douze membres du cabinet, et non des moindres ont été reconduits dans leurs fonctions et par là-même assurent aujourdhui une continuité de la politique gouvernementale, symbolisée plus quil nen fallait par le maintien controversé de Lien Chan à la tête du Yuan exécutif. Parmi ces responsables, il faut citer le vice-premier ministre Hsu Li-teh qui perd toutefois la présidence de la Commission à lEdification économique, Chiang Chung-lin, le ministre de la Défense, et Chang King-yu, le président de la Commission aux affaires continentales, nommé en février 1996.
Si pour la première fois, les Taiwanais (20 sur 39 contre 15 sur 35 en février 1993) sont plus nombreux que les Continentaux (19 sur 39 contre 20 en 1993) au sein du gouvernement, ces derniers restent sur-représentés. Cette disparité nest-elle pas lexpression du fossé persistant entre la répartition sociologique des talents et la carte politique du pays, entre un bras exécutif composé dadministrateurs souvent compétents mais parfois coupés des réalités et un bras législatif dominé par des politiciens à lécoute de leurs électeurs et surtout de leurs intérêts économiques locaux ? Lon aurait cependant tort de trop insister sur une distinction communautaire qui, comme le montre la promotion de Su Chi le nouveau directeur du Bureau dInformation du gouvernement dorigine continentale mais né à Taiwan en octobre 1949, une date charnière dans lhistoire de la Chine perd peu à peu de sa pertinence.
Enfin, les femmes ne sont guère plus nombreuses que dans le précédent cabinet (5 contre 3) et restent en général chargées de domaines, tels la santé et la culture, que les hommes aiment à leur concéder.
Une organisation gouvernementale pratiquement inchangée
Lorganisation du gouvernement na pas connu de modifications importantes, apportant ainsi un démenti aux spéculations avancées au début de lannée, concernant en particulier la création de ministères du travail, de lagriculture et de la culture (2). Lon aura noté létablissement dune commission aux affaires aborigènes (yuanzhumin weiyuanhui) principalement motivée par le souci du gouvernement dobtenir le soutien des voix des six députés austronésiens du KMT. Cette entreprise a été moyennement couronnée de succès dans la mesure où déjà deux de ces parlementaires ont rejoint les banc des sans parti (Tsai Chun-han et Walis-Pelin). Signalons également que deux autres administrations ont été fondées depuis la formation en février 1993 du gouvernement précédent : la Commission chargée de la Protection des Consommateurs en juillet 1994 et la Commission chargée de la Construction publique en août 1995.
Enfin, le rôle des ministres dEtat sans portefeuille (buguan buhui zhengwu weiyuan) na pas encore été rendu public. Protocolairement placés en haut de la hiérarchie gouvernementale et membres à part entière du Conseil des ministres, ces responsables se répartissent, sur recommandation du Premier ministre, les grands domaines dactivité du Yuan exécutif. Ainsi, Mme Shirley Kuo est chargée de léconomie, Lin Chen-kuo, des finances, Ma Ying-jeou, des secteurs décrits plus haut, Yang Shih-chien des sciences et techniques, Tu Teh-chi, des affaires intérieures, Mme Yeh Chin-feng, des relations avec le continent et Tsai Cheng-wen, de la politique étrangère, de léducation et de la culture (3). Sils ne disposent pas dimportants services, ils doivent être consultés sur tous les projets préparés par les administrations relevant de leur domaine de compétence et aucune décision ne peut être prise par celles-ci sans quun accord ou un compromis ne soit intervenu avec le ministre dEtat concerné. Quoiquaussi nombreux (sept) que dans le cabinet précédent, aucun des ministres dEtat du nouveau gouvernement ne cumule son poste avec la direction dun ministère ou dune commission. Ainsi, ces derniers auront-ils plus le temps de jouer réellement le rôle qui est censé être le leur.
Au total, en dépit des changements intervenus, ce remaniement ministériel est à bien des égards décevant. Si 43% des personnes interrogées dans les sondages se déclarent satisfaites des nouvelles nominations, 34 % (contre 9% en février 1993) sont dun avis contraire (4). Cette bouderie de lopinion nest pas étrangère à la polémique relative à la constitutionnalité du maintien de Lien Chan au poste de Premier ministre.
Impasse constitutionnelle ?
Le problème constitutionnel posé par ce maintien est double : dune part, un certain nombre dhommes politiques et de juristes (notamment de lopposition) estiment que le nouveau vice-président de la République ne peut cumuler ses nouvelles fonctions avec celles de Premier ministre ; dautre part, ces mêmes personnalités demandent au président de la République de procéder à une nouvelle nomination du chef du Yuan exécutif, afin que celle-ci puisse être approuvée (ou repoussée) par le Yuan législatif.
Concernant le premier point, bien que la constitution de la République de Chine reste muette à ce sujet, il faut bien admettre que la formule est originale, quoique non sans précédent dans lhistoire de Taiwan : en effet, par deux fois, le président Chiang Kaï-shek a refusé la démission de son Premier ministre après que celui-ci fut promu vice-président de la République, la première fois en 1960 (Chen Cheng, le père de Chen Lu-an), et la seconde fois en 1966 (C.K. Yen). Il nen demeure pas moins quà limage du vice-président américain, le deuxième personnage de lEtat taiwanais nest rien aujourdhui et peut devenir tout demain, selon la formule consacrée. Si Lee Teng-hui souhaite faire de Lien Chan son dauphin, peut-il réellement le laisser quatre années sans aucune responsabilité administrative ? Afin dêtre présidentiable en 2000, Lien Chan a tout intérêt à rester au sommet de lactualité politique pendant encore au moins deux ans. Et lon ne peut en toute honnêteté intellectuelle, accuser Lee de violer la Constitution sur ce point.
Le second problème est également plus politique que constitutionnel. Le 16 mai 1996, quatre jours avant son entrée en fonction en tant que vice-président, Lien Chan présenta la démission de son gouvernement à Lee Teng-hui. Après avoir laissé planer le doute quelque temps, le président refusa cette démission et invita Lien à lui recommander une nouvelle liste des membres du cabinet (art. 56 de la Constitution). Ainsi, Lien évitait de devoir une fois encore faire approuver sa nomination par un Yuan législatif de moins en moins acquis. La marge de manoeuvre dont disposait Lee était en effet étroite car tout autre candidat à la présidence du Yuan exécutif tels Wu Po-hsiung, le secrétaire général de la Présidence de la République, ou Hsu Li-teh aurait recueilli encore moins de voix que le Premier ministre démissionnaire. Mais cétait sans compter avec la volonté depuis longtemps affichée du Parlement délargir ses pouvoirs au détriment de lexécutif.
Cest pourquoi, mimant tant que faire se peut la lutte permanente que se livrent aux Etats-Unis le Congrès et la Présidence et ravivant dans les faits une grande conciliation (dahejie) plus guère évoquée, le 11 juin, les députés taiwanais du PDP et du NP (avec laide de quelques parlementaires KMT) sont parvenus à adopter par 80 voix contre 65 une motion demandant à Lee Teng-hui de procéder le plus tôt possible à une nouvelle nomination du Premier ministre et de soumettre cette décision à lapprobation du Yuan législatif. Bien que non contraignante, cette motion ne pouvait quaffaiblir la position tant de la présidence que du nouveau cabinet. Il sensuivit une période de crise constitutionnelle dont la seule issue véritable paraît être ladoption dun compromis entre le KMT et le PDP.
Sur le plan juridique, largumentation de la présidence est assez forte et le recours engagé par les députés de lopposition devant un Yuan judiciaire entièrement nommé par Lee Teng-hui a peu de chances, lorsque celui-ci aboutira (et sil aboutit), cest-à-dire pas avant une année, de contredire linterprétation avancée par ce dernier. Il faut ajouter à cela que rien noblige un président élu au suffrage universel de changer de Premier ministre au lendemain de sa réélection ni dailleurs dune élection parlementaire. Lon pense évidemment à lexemple français. Le général de Gaulle ne conserva-t-il pas Georges Pompidou après sa réélection en 1965 ? Il sagit là beaucoup plus dune tradition politique que dune règle constitutionnelle. Tout en regrettant la décision des parlementaires, le message de presse publié par la Présidence le 19 juin reprenait dune certaine manière cette interprétation (5).
Il nen reste pas moins que lobstacle politique auquel fait face le gouvernement est réel. Depuis ladoption de cette motion, les députés des partis dopposition boycottent, avec un art de la sélection qui tient plus de limprovisation que dune stratégie concertée du PDP et du NP, les membres du nouveau gouvernement venus présenter leur politique en session.
Le gouvernement a bien cherché à contourner cette nouvelle difficulté en tentant dutiliser les dispositions de la Constitution qui lui permettent de contraindre le Yuan législatif à reconsidérer (fuyi) son premier vote et à approuver une politique importante avec seulement un tiers des députés présents lors du premier vote (article 57, al. 2). Mais la composition même de la commission de lordre du jour du Yuan législatif (10 KMT, 7 PDP, 2 NP, 1 indépendant proche du PDP) interdit pour lheure au pouvoir de recourir à ce qui pourrait un jour devenir le 49-3 de la Constitution taiwanaise. Ainsi, le 18 juin, cette commission parvint à bloquer linscription à lordre du jour dun nouveau vote sur le projet de quatrième centrale nucléaire repoussé par le Parlement le 24 mai (6).
Le problème politique est aujourdhui triple pour le KMT. Premièrement, la direction du Parti nationaliste affronte la fronde de nombreux députés qui depuis longtemps refusent de jouer les godillots du gouvernement. Dans les circonstances actuelles, lon voit mal les parlementaires du KMT se plier à une stricte discipline de vote. Le refus dune vingtaine de députés de la majorité de se rendre à un dîner offert par Lien Chan le 17 juin dans le but de remobiliser ses trou- pes augure mal de lavenir. Deuxièmement, le pouvoir a parallèlement entrepris des négociations avec le PDP. Lélection de Hsu Hsin-liang le 15 juin à la présidence de ce parti et la rencontre entre ce dernier et Lee Teng-hui au début juillet pourraient favoriser un certain compromis entre les deux formations, tout au moins afin déviter de trop gripper le fonctionnement des institutions. Mais quelles concessions le KMT va-t-il ou plutôt peut-il accorder au Parti indépendantiste ? Le KMT table plutôt sur une montée des dissensions entre le PDP et le NP qui nont en commun que cette volonté daffaiblir le pouvoir en place. Troisièmement, guère impressionnée par le récent remaniement ministériel, lopinion semble se lasser de ces querelles politiciennes et paradoxalement, tend à prendre le parti du Yuan législatif. Certes, le blocage de la discussion budgétaire provoqué par les députés de lopposition ne reçoit lassentiment que de 34% des personnes interrogées (contre 42% qui le condamnent) ; mais un autre sondage indiquait que 48% des personnes interrogées estimaient que Lien Chan devait voir sa nomination à nouveau approuvée par le Parlement (contre 19% qui pensaient le contraire). Quoi quil en soit la confusion politique actuelle contribue à la baisse de la cote de popularité de Lee Teng-hui (62% contre 69% quelques jours auparavant) (7).
La question à plus long terme est lévolution du système politique taiwanais. Régime présidentiel ou parlementaire ? Le vrai-faux débat lancé par lopposition masque une réalité qui milite en faveur du présidentialisme : tant la marque de Chiang Kaï-shek sur les institutions de 1947 que lintroduction récente de lélection du président de la République au suffrage universel direct tendent à accorder au chef de lEtat une prééminence que seul un Parlement dominé par lopposition peut remettre partiellement en cause. Mais mettre en place, comme lavait suggéré Lien Chan en avril, un véritable système présidentiel paraît encore aujourdhui hors de portée, notamment en raison de la modeste majorité (55% des sièges) dont dispose le KMT... à lAssemblée nationale (8).
ENCADRÉ
Liste des membres du Yuan exécutif de la République de Chine désignés le 8 juin 1996 (39 membres, 41 postes)
Premier ministre: Lien Chan* (T) (vice-président de la République, vice-président du KMT)
Vice-premier ministre: Hsu Li-teh* (C) (membre du Comité exécutif permanent du KMT)
Ministres dEtat sans portefeuille (sept):
- Shirley Kuo (Kuo Wan-jung)(f.)* (T) (membre du Comité exécutif permanent du KMT)
- Lin Chen-kuo ** (C) (ancien ministre des finances)
- Ma Yin-jeou ** (C) (ancien ministre de la justice)
- Yang Shih-chien (C) (ancien vice-ministre politique de léconomie)
- Tu Teh-chi (T) (ancien directeur de la commission à lorganisation du KMT)
- Yeh Chin-fong (f.) (T) (ancienne vice-présidente de la commission aux affaires continentales)
- Tsai Cheng-wen (T) (professeur à luniversité nationale de Taiwan)
Ministre de lintérieur : Lin Fong-cheng (T) (ancien vice-gouverneur politique de la province de Taiwan)
Ministre des affaires étrangères : John Chang ** (Chang Hsiao-yen) (C) (ancien président de la commission chargée des Chinois doutre-mer, membre du comité exécutif permanent du KMT))
Ministre de la défense nationale : Chiang Chung-ling * (C) (membre du comité exécutif permanent du KMT)
Ministre des finances : Paul Chiu (Chiu Cheng-hsiung) (T) (ancien gouverneur-adjoint de la Banque centrale)
Ministre de léducation : Wu Jin (C) (ancien doyen de lUniversité Chengkung)
Ministre de la justice : Liao Cheng-hao (T) (ancien directeur du bureau des enquêtes du ministère de la justice)
Ministre de léconomie : Wang Chih-kang ** (C) (ancien président de la commission chargée du maintien de léquité dans le commerce)
Ministre des transports et des communications: Tsai Chao-yang (T) (ancien vice-ministre politique des transports et des communications)
Président de la commission aux affaires mongoles et tibétaines : Harry Lee (Lee Hou-kao) * (C)
Président de la commission chargée des Chinois doutre-mer : James Chu (Chu Chi-ying) (C) (ancien secrétaire général-adjoint du KMT)
Secrétaire général du Yuan exécutif : Chao Shou-po * (T)
Directeur général du budget, des comptes et des statistiques du Yuan exécutif : Wei Duan (C) (ancien directeur-adjoint dudit bureau)
Directeur général du bureau dadministration du personnel : Chen Kang-chin * (T)
Directeur général du bureau dinformation du gouvernement : Su Chi (C) (ancien viceprésident de la Commission aux affaires continentales)
Directeur général de ladministration de la santé : Chang Po-ya (f.) * (T)
Directeur général de ladministration chargée de la protection de lenvironnement : Tsai Hsung-hsiung (T) (ancien vice-président de la commission à lédification économique)
Conservateur du musée de lancien Palais impérial : Chin Hsiao-yi * (C)
Président de la commission aux affaires continentales : Chang King-yuh * (C)
Président de la commission à lédification économique : P.K. Chiang (Chiang Ping-kun) ** (T) (ancien ministre de lEconomie)
Président de la commission dassistance aux vétérans : Yang Ting-yun * (C)
Président de la commission nationale chargée de la jeunesse : Wu Wan-lan (C) (ancien responsable du bureau provincial du KMT)
Président de la commission à lénergie atomique : Hu Chin-piao (T) (ancien vice-président de la commission nationale des sciences)
Président de la commission chargée de la recherche, du développement et de lévaluation : Huang Ta-chou (T) (ancien maire de Taipei, membre du Comité exécutif permanent du KMT, membre de la commission à lédification économique)
Président de la commission à lagriculture : Chiu Mao-ying (T) (ancien directeur du département de lagriculture et des forêts du gouvernement de la province de Taiwan)
Président de la commission nationale des sciences : Liu Chao-shiuan ** (C) (ancien ministre des transports et des communications)
Président de la commission chargée de lédification culturelle : Lin Cheng-chih (f.) (T) (ancienne présidente de la commission des femmes du KMT)
Président de la commission du travail : Hsieh Shen-shan * (T)
Président de la commission chargée du maintien de léquité dans le commerce : Chao Yangching (f.) (C) (ancienne directrice du département du trésor national du ministère des finances)
Président de la commission chargée de la construction publique : Ou Chin-teh (C) (ancien vice-président de ladite commission)
Président de la commission électorale centrale: Lin Fong-cheng (cumul)
Président de la commission chargée de la protection des consommateurs : Hsu Li-teh* (cumul)
Président de la commission aux affaires aborigènes*** : Hua Chia-chih (T) (ancien responsable du bureau du KMT du district de Pingtung)
* responsables reconduits dans leurs fonctions.
** membres du gouvernements ayant changé dattributions.
*** Nouvel organisme du gouvernement
(f.) : femme
(T) : Taiwanais
(C) : Continental
Source : Zhongyang ribao (Central Daily News), 9 juin 1996, p. 1.