BOOK REVIEWS

Chen Yong, Chinese San Francisco, 1850-1943 : a trans-Pacific Community

by  Alain Pairault /

Loin d’être d’abord une œuvre de recherche, ce travail est avant tout un hommage de l’auteur à une communauté qu’il intègre, celle des sino-américains (Chen Yong est un émigré récent originaire de Chine continentale) ; c’est un acte de citoyenneté, non pas tant de l’américaine que de la sino-américaine. L’ouvrage couvre deux périodes. Le premier chapitre est une ouverture sur la période antérieure aux vagues d’émigration et donc à l’étude proprement dite ; il vise à expliciter les conditions socio-économiques, culturelles et psychologiques ayant conduit les Chinois vers la Californie. Les deuxième et troisième chapitres, qui ouvrent la première partie (1850-1905), tentent de décrire la naissance et l’évolution de la ville chinoise de San Francisco durant cette période ainsi que les conditions de vie des Chinois y résidant. Le quatrième chapitre est une incursion dans l’Amérique telle que la voyait et la comprenait un émigré chinois (arrivé en 1863 à l’âge de 15 ans) qui, tout au long de sa vie, a tenu en anglais son journal. Le cinquième chapitre s’interroge sur la formation d’une identité collective au cours de cette période. La seconde partie couvre la période de 1905 à 1943, elle débute donc avec le boycott des produits américains de 1905 et le tremblement de terre de San Francisco de 1906. Les sixième et septième chapitres décrivent les efforts d’adaptation des Chinois, efforts dont les résultats, l’acculturation, est décrite dans le huitième chapitre. Le neuvième chapitre étudie les liens qu’entretient la communauté chinoise émigrée avec la Chine et enfin le dixième et dernier chapitre expose les conditions dans lesquelles on été abrogées certaines dispositions faisant des Chinois des citoyens de seconde zone.

Le propos de cet ouvrage est le plus souvent anecdotique, parfois redondant quand il n’est pas seulement chronologique ; il donne une impression de décousu perpétuel. Quel que soit l’intérêt des faits rapportés, on est obligé de convenir que cette lecture est trop souvent ennuyeuse. L’auteur, très inspiré par ailleurs par l’ouvrage de Alexander Saxton, The Indispensable Enemy : Labor and the anti-Chinese Movement in California (Berkeley, University of California Press, 1995), semble surtout s’être intéressé à démontrer que la communauté chinoise aux Etats-Unis, en butte à l’hostilité des blancs en général et des WASP en particulier, aurait su se libérer de cette «oppression raciale» (p. 253), ce dont témoignerait la tournée triomphale de Mme Chiang Kai-shek en 1943.

Je profite de ce compte rendu pour annoncer la parution d’un petit ouvrage d’Emmanuel Ma Mung, La diaspora chinoise, géographie d’une migration (Gap, Ophrys, 2000). Il s’agit d’un travail beaucoup moins ambitieux dans son propos puisqu’il vise à présenter clairement à des étudiants les principales données de l’émigration chinoise à travers le monde. En ce sens il actualise certaines données de l’excellent livre de Pierre Trolliet, La diaspora chinoise (Paris, PUF, Coll. Que-sais-je ?, 1994).