BOOK REVIEWS
Li Ling Hin, Urban Land Reform
Le livre de Li Ling Hin traite d'un sujet qui est au centre des préoccupations de beaucoup de Chinois : la gestion des terres et de l'immobilier dans les zones urbaines. Ce livre vise justement à faire le point sur presque vingt années de réforme, durant lesquelles la Chine est passée de l'âge de la collectivisation à celui de la spéculation immobilière.
L'ouvrage s'ouvre sur une première partie historique qui nous fait remonter aux permiers temps de la civilisation chinoise. Le chapitre 2 traite ensuite du processus de réforme de la gestion foncière, le chapitre 3 du marché de l'habitat, le chapitre 4 des premières conséquences des réformes, et enfin les chapitres 5 et 6 des réformes à Shanghai et à Hong Kong.
L'auteur présente le processus de réforme de manière essentiellement descriptive. Il met en lumière l'importance des règlements provisoires de 1991 qui ont introduit les « droits d'utilisation des terrains » permettant ainsi de séparer droits de propriété qui restent aux mains de l'Etat et droits d'exploitation. Il montre aussi toute la difficulté de la valorisation des terres collectives (dans les régions suburbaines), ces terres devant être au préalable vendues à l'Etat avant que les droits d'exploitation soient cédés aux développeurs. Les différents modes de cession des droits sont présentés (par commun accord, appel d'offres et enchères) ainsi que les difficultés liées à la valorisation des terrains des entreprises lorsqu'elles entrent en bourse. Comment peut-on évaluer un terrain en l'absence d'un véritable marché. C'est cette question du marché qui préoccupe l'auteur. Les prix pratiqués sont artificiels et les accords souvent effectués de gré à gré avec l'accord des autorités locales. Le canal administratif joue un rôle beaucoup plus important que le marché.
Dans le domaine de l'habitat, l'auteur décrit la politique de vente des appartements aux particuliers mais il insiste aussi sur la très faible activité du secteur du prêt au logement. Les autorités devront intervenir dans ce domaine s'ils ne veulent pas bloquer le développement de l'habitat.
Enfin, le livre met en relief les logiques administratives à l'uvre ainsi que les mesures que les autorités ont dû prendre pour répondre aux nouveaux problèmes qui surgissent. Ainsi, à Shanghai, l'objectif de la réforme est dès le début de remplir les coffres du gouvernement local. Quant aux nouvelles mesures, on peut citer la progressive fusion des services administratifs chargés de la gestion des terres avec ceux chargés de l'immobilier qui, séparés au départ, créaient une situation « schizophrénique » difficile à gérer.
Néanmoins, on ressort très déçu du livre. Il manque en réalité une analyse globale incluant la dimension politique. L'Etat est vu exclusivement à travers l'action de services administratifs gardant encore la mauvaise habitude d'intervenir sur le marché. Mais les questions de la corruption, des intérêts locaux en jeu, des logiques de pouvoir, autrement dit de tout ce qui fait l'enjeu du contrôle des terrains et de l'immobilier, ne sont pas abordées. On reste dans un monde aseptisé de règlements et de problèmes déconnectés de l'action des groupes et des individus. Un exemple des questions auxquelles on aurait aimé que l'auteur réponde : qui a tiré partie de la mise en valeur du foncier et de l'immobilier à Shanghai ? Quels sont les groupes en présence ? Quels sont leur influence sur les décisions prises ? Autant d'interrogations auxquelles l'auteur, qui semble bien connaître son sujet, devrait répondre dans un prochain ouvrage.